Dans le petit matin blême, il m'est insupportable d'entendre le crissement des roulettes d’une valise sur le trottoir mouillé. Tandis que le froid mordant et la pluie s'abattent sur la ville encore endormie, ce bruit lancinant résonne comme une plainte, une douleur sourde. Ce son, amplifié par le silence de l’hiver, m'a toujours semblé être l'incarnation même de la douleur du départ. Il évoque l’arrachement, le vide laissé par ce que l’on quitte derrière soi. C’est une tristesse presque universelle : celle du partir.
Pour ne plus subir ces pleurs du mal, j’ai choisi de me tourner vers la lumière. Je veux ne garder que les larmes du bonheur, celles qui perlent au retour, quand l’exil prend fin et que l’on retrouve enfin les siens. Pourtant, n’est-ce pas prétentieux de penser qu’il est possible de revenir sans jamais être parti ? Et si tout voyage n’était qu’intérieur ?
L’ailleurs, après tout, réside avant tout dans le regard. C’est une manière d’observer le monde qui nous entoure, de redécouvrir ce que l’on croyait familier. Chaque instant, chaque lieu, porte en lui un éclat fragile et éternel. Ce regard renouvelé est le véritable voyage, et la clé d’une redécouverte infinie.
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