Erwan se tenait dans son garage métamorphosé en "ty an amzer" - le temple du temps en breton - les mains couvertes de poussière modelant une série d’objets étranges. Une horloge sans aiguilles représentait le "temps suspendu", ses engrenages désynchronisés symbolisant une réalité figée. À côté, une sculpture de mi-temps, moitié ferme, moitié œuvre d’art abstraite, incarnait l’interstice entre deux mondes. Une autre pièce, délicatement façonnée, illustrait "perdre son temps" avec des fragments de verre éparpillés autour d’une horloge brisée.
Petit homme bedonnant, aux épaules courbées par des décennies de labeur, Erwan affichait un visage marqué par les sillons du travail et les rides du temps. Ses yeux, autrefois résolus, brillaient désormais d’une lueur confuse. Il ne comprenait pas les impulsions créatrices qui le poussaient à façonner ces œuvres. C’était comme si les lutins et korrigans de sa terre natale avaient pris possession de son esprit, l’orientant vers une expression artistique qu’il ne maîtrisait pas.
Les voisins observaient Erwan avec inquiétude. « Il est devenu fou », murmuraient-ils. Pourtant, Erwan sentait une tension croissante entre son identité d’agriculteur et celle d’un artiste involontaire. Chaque nuit, des idées nouvelles surgissaient, le poussant à créer davantage, sans qu’il en saisisse la raison.
Un soir, Maëlys, une jeune voisine curieuse, pénétra dans le "ty an amser". Elle contempla les œuvres en silence, ressentant une profondeur et une douleur derrière chaque création. Erwan, visiblement troublé, tenta d’expliquer sans véritable logique son besoin de créer. Maëlys pressentit que quelque chose de plus grand agissait sur lui, une connexion ancestrale avec les légendes bretonnes.
Le suspense s’épaissit lorsque des objets commencèrent à apparaître mystérieusement dans le garage, comme guidés par une force invisible. Erwan se retrouvait pris au piège entre deux mondes, incapable de contrôler ses créations. Que deviendrait-il ? Serait-il détruit par cette dualité ou trouverait-il un équilibre entre son passé agricole et cette nouvelle obsession artistique ?
Dans la pénombre du garage, les sculptures semblaient prendre vie, chuchotant des fragments de temps perdu. Erwan, au bord de la rupture, devait affronter les esprits de sa terre pour retrouver son identité. Le "ty an amser" devenait le théâtre d’un combat intérieur, où le temps lui-même semblait décider du destin d’un homme déchiré entre tradition et transformation
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Ça fait plaisir de te relire ....